Droit, politique, science et religion dans la pensée inquiète de Hans Kelsen. A propos d'un livre posthume

DI DONATO, Francesco
2017-01-01

2017
978-2-7314-1062-4
Se fondant sur plusieurs démonstrations et arguments logiques rigoureux, Kelsen a voulu dans son dernier livre intitulé "Secular Religion", resté inédit jusqu'à présent, montrer que « la science moderne de la nature paraît être la seule sphère dans le cadre de la civilisation moderne qui puisse échapper à l’attribution des éléments théologiques et à l’identification avec la religion » . Voici la raison essentielle pour laquelle il fallait entreprendre cette laborieuse réfutation d’une centaine d’ouvrages (de Karl Schmitt à Raymond Aron) accréditant l’idée de la "religion séculaire". En effet « le développement de la science moderne est le résultat obtenu précisément à la suite de l’émancipation de la théologie, de la religion et du mysticisme. Ce développement de la science est la forme la plus radicale de dé-divinisation du monde en tant qu’objet de connaissance » . Toute tentative d’attribuer à la science le caractère d’une religion « n’est pas seulement un paradoxe ; c’est aussi une dangereuse tentative d’occulter la différence entre religion et la science, par définition anti-religieuse » . Natura non facit saltus ! La science est vouée à découvrir les secrets de la nature. Dans celle-ci il n’y a pas, pour Kelsen, de vrais mystères : « Mystère, il y en a, dans la nature, seulement pour ceux qui derrière la nature imaginent quelque chose de surnaturel. En effet, ‘‘mystère’’ signifie quelque chose qui ne peut pas être expliqué, quelque chose qui va au-delà de la connaissance humaine, puisqu’elle est émanation d’un autre monde, surnaturel et pour cela sacré. Il y aura sans aucun doute toujours quelques faits qui ne sont pas éclaircis par la science. Mais un homme de science […] ne va jamais supposer que derrière ces faits, il y a des forces surnaturelles» . Il en découle que si on considère la ‘‘vérité vraie’’ et finale de la foi, la science est disqualifiée et toute la civilisation fondée sur la méthode scientifique anéantie, pour retomber dans les ténèbres d’un éternel Moyen Âge de l’esprit, sans issue et sans liberté. Voilà le but, et la conséquence, du retour de la religion dans la politique et de la théologie dans la spéculation philosophique et dans la science. « La science - affirme Kelsen en conclusion - peut seulement décrire et expliquer ; elle ne peut pas justifier la réalité. La science a la tendance intrinsèque d’être indépendante de la politique et, en tant que connaissance rationnelle et objective de la réalité, ne peut pas présupposer, dans sa description et dans son explication de son propre objet, l’existence d’une autorité transcendante, qui soit au-delà de toute possible expérience humaine » .
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